Témoin d’un fait insolite ? Deux clics suffisent à le faire savoir en prenant une photo et la partageant via Instagram ou Snapchat
Envie de crier sa révolte ? Un tweet ou un statut Facebook et le « coup de gueule » est visible de tous en quelques secondes.
Ils sont de plus en plus nombreux à tweeter, liker, partager des infos, des photos, vidéos…parfois très personnelles. Des connexions de plus en plus rapides, une flopée d’applications diverses et variées et des smartphones toujours plus puissants, la tendance est clairement au partage libre et spontané.
Une tendance suivie de plus en plus tôt par les jeunes et à des âges où les risques sur l’identité ne sont pas forcément une préoccupation majeure.
«Autant dire que la sociabilité par Internet est devenue une des formes courantes de la vie des enfants et des adolescents » (source)
En effet, près d’un tiers (31,6%) des enfants de 6 à 12 ans affirment aujourd’hui utiliser un ou plusieurs réseaux sociaux, ils sont 70% entre 10 et 15 ans et 89% de 15 à 25 ans. (source)
Mais cette spontanéité a un coût. Un coût en termes de e-réputation ; un impact non négligeable sur l’identité numérique.
« Tout ce que vous publiez pourra être retenu contre vous » pourrait-on affirmer. En témoigne le phénomène de cyber-harcèlement. Ce néologisme désigne le fait d’insulter ou de se moquer de quelqu’un de façon répétée par Internet et/ou le téléphone portable. Mais pas seulement. Les cyber-rumeurs sont également monnaie courante dans le cyber-harcèlement. Pratique d’autant plus perverse que toute information se répand comme une trainée de poudre sur la Toile, et donc très facilement « dans la vraie vie ». Un rapport de l’UNICEF indique ainsi que 12,5% des 6-18 ans auraient déjà subi des persécutions en ligne. Celles-ci peuvent aller très loin, comme l’ont prouvé par exemples les cas de la canadienne Amanda Todd ou de l’américain Tyler Clementi que le cyber-harcèlement a poussées au suicide.
Si ces cas sont, heureusement, minoritaires, ils sont toutefois preuve des abus poussés à l’extrême en termes d’exploitation des données personnelles, voire intimes.
Un autre exemple illustre bien ce risque de « dérapage numérique », il s’agit de l’affaire Snapchat et de ses failles de sécurité (vous retrouverez ici sur notre blog un article à ce sujet)
Attention, pas la peine de tomber dans la paranoïa ou d’effacer ses comptes des réseaux sociaux, on peut tout à fait concilier vie sociale sur le net et sécurité, le tout est de se « e-sensibiliser », c’est à dire connaître et appliquer un ensemble de bonnes pratiques sur la Toile.
Bien sûr, plus la prise de conscience s’effectue jeune, plus elle est efficace et évite les dérapages qui peuvent avoir des répercussions sur le long terme.
Un guide pour Instagram (très populaire auprès des jeunes) a par exemple été mis en ligne à l’intention des parents pour sensibiliser leurs enfants à l’utilisation de cette application très populaire mais non sans risques.
Mais comment sensibiliser sans interdire ? (au risque d’un effet contraire)
L’important est de bien faire comprendre le distinguo entre ce qui est du ressort de la vie privée, et ce qui ne l’est pas, ou en d’autres termes, ce qui est « publiable » et ce qu’il n’est (vivement) pas conseillé de mettre en ligne. Rappelons alors quelques petits conseils pour un meilleur équilibre vie privée/vie en ligne :Se créer une cyber-identité, oui, mais préférer l’usage d’un pseudonyme, pour « brouiller les pistes ». Le rapprochement entre les informations publiées (messages, profils de réseaux sociaux etc) et votre identité réelle sera donc plus difficile à réaliser.
Vérifier et adapter ses paramètres de confidentialité sur les différents réseaux sociaux. Les paramètres par défaut n’étant pas toujours les plus sécurisés (profil « public »), veiller dés la création de votre profil les renforcer pour mieux contrôler le degré de confidentialité de vos informations mises en ligne.
Se méfier du caractère (faussement) éphémère du partage de photos/messages types Snapchat ou Slingshot. Préférer montrer une photo/vidéo personnelle auprès de la personne souhaitée plutôt qu’à distance.
Ne pas hésiter à informer/dénoncer d’une atteinte à la vie privée en ligne (photos publiées sans l’accord du propriétaire, propos diffamatoires au nom d’une personne etc)
Vérifier fréquemment son identité sur la Toile. Vous pouvez tout simplement chercher votre nom (ou celui de votre enfant) sur les moteurs de recherche (Google, Yahoo, Bing…) pour réaliser un « check-up » en termes de e-réputation et voir quels résultats sont visibles.
Pour aller plus loin, réserver un nom de domaine au nom de votre enfant. En effet, il n’est pas rare d’avoir des cas de cyber-harcèlement ou de diffamation en ligne où le nom et le prénom de la victime sont utilisés dans l’adresse-même d’un site dénigrant à son égard, et très visibles dans les résultats des moteurs de recherche. Ceci vous permettra donc d’avoir un total contrôle sur le contenu en ligne relatif à votre enfant, et de pouvoir intervenir le cas échéant.
Edit 28/11/2014 : un kit, « iRespect » vient d’être développé afin d’apprendre au 10-14 ans le respect de la vie privée sur la Toile.
D’ailleurs, le cyber-harcèlement reste une réalité même en l’absence de données privées en ligne, et des solutions existent pour le dénoncer et mieux le combattre. Une application a par exemple été développée pour aider les enfants victimes de cyber-harcèlement en signalant ces actes auprès d’une personne de confiance (voir l’article ici)
Ainsi, si la sensibilisation et la prévention sont deux facteurs-clés pour limiter les dérapages sur la Toile, il n’est jamais trop tard pour intervenir auprès d’un contenu en ligne menaçant votre identité et/ou vos infos personnelles.
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